Les peuples autochtones, gardiens de la terre
En Asie du Sud-Est, ils sont appelés minorités ethniques, mais en Inde “tribu répertorié”. Un terme plus positif pour les designer pourrait être peuples racines, car ils sont souvent sur un territoire depuis des générations (souvent bien avant la population majoritaire du pays) et qu'ils ont un lien particulier à la terre et aux éléments.
Les peuples racines sont ancrés dans la nature
Ces peuples racines représentent 5% de la population mondiale, mais préservent 80% de la biodiversité sur terre.
Ils ne font pas de différence entre la nature et la culture, le concept de forêt vierge n’existe pas selon eux (Philippe Desocola, anthropologue, le détaille très bien dans son livre Une écologie de relations) ! L'Homme vit dans la nature et y cultive ce dont il a besoin pour se nourrir tout en gardant une approche de préservation des ressources, tout simplement par bon sens. Ian, une jeune femme de 26 ans issue de l’ethnie Cils au Vietnam, nous a partagé que sans la nature elle n’était rien, que la nature lui permettait de vivre et que donc bien sûr il fallait préserver !
Beaucoup de ces peuples étant animistes, ils vouent un culte à la nature et laissent toujours des fruits, légumes etc. pour que les dieux se nourrissent. Un garçon de l’ethnie K’Ho au Vietnam se rappelle, qu’enfant son père lui avait demandé pourquoi il avait coupé une branche s’il n’en avait pas besoin.
Les peuples autochtones sont plus pauvres que le reste du monde
Lorsque on a la chance de rencontrer ces peuples autochtones et de vivre avec eux, leur authenticité, leur sourire et leur générosité font presque oublier qu’ils sont plus pauvres que le reste du monde (source World Bank, ils représentent 15% des personnes vivant dans une extrême pauvreté alors qu’ils représentent 5% de la population). Cette précarité s'explique notamment par un manque d'accès à l’éducation, aux soins, mais aussi des discriminations, des conflits et une plus grande vulnérabilité aux intempéries climatiques.
Un mode de vie en voie de disparition
La disparition du mode de vie des populations autochtones est due à plusieurs facteurs : disparitions des forêts qui sont intimement liées à leur vie (déforestations par des multinationales, gouvernements ou particuliers), tendance de certains gouvernements à vouloir faire disparaître leur culture pour qu'ils ne revendiquent plus leurs différences, déplacements des populations (gouvernements et ONG qui veulent mettre en place des parcs naturels sans hommes, or les ethnies vivent dedans), et de façon plus subtile, la modernité a tendance à développer une mono culture où les traditions ont moins leur place et les jeunes préfèrent suivre les tendances. Cependant, beaucoup d'initiatives locales naissent pour sauver les dialectes et les cultures.
Lucie a eu l'occasion de rencontrer un jeune de l'ethnie K'Ho qui organise des camps d'été de soutien scolaire et de sensibiliation à l'écologie et à la richesse de leur culture pour les jeunes de son village.
Prendre exemple et les soutenir ?
Nous avons beaucoup à apprendre de ces peuples racines, en particulier de leur harmonie avec l’environnement. Ils ont notamment de nombreux savoirs et savoir-faire liés à la lutte contre le changement climatique : connaissance de la glace qui donne lieu à des coopérations avec des scientifiques, agriculture raisonnée, gestion des feux de forêt ...
A notre tour nous pouvons prendre exemple sur eux en prenant le temps de se déconnecter pour s'ancrer dans la nature, cuisiner soi-même, privilégier la marche aux modes de transport individuels, consommer ce dont on a vraiment besoin …
Enfin, soutenir les initiatives des peuples racines en choisissant les produits de coopératives locales (café, artisanat, tissage...), leur donner une voix sur des réseaux sociaux, médias ou dans des instances internationales, aider les ONG qui les soutiennent via des programmes d'éducation ou d'empowerment.
A notre échelle, Opportunity for Women a pour objectif d'aider 50 femmes tisserandes, issues de ces minorités ethniques en Asie, à vivre de leur savoir-faire de tissage pour ainsi encourager les jeunes à apprendre cet artisanat (leur montrer que c'est un métier avec des débouchées) et répondre aux besoins locaux tels que l'éducation, l'environnement et l’empowerment.