La coopérative de tissage des minorités Lao de Dien Bien au Vietnam
Cinq tisserandes lao rejoignent cette coopérative
Cinq femmes du village de Na Sang 1, ont décidé de rejoindre cette coopérative de tissage mise en place par “Entrepreneurs du Monde”. Leurs motivations sont nombreuses : la fierté pour leur culture, l’amour du tissage et enfin, la possibilité de travailler à domicile.
Pom, facilitatrice du groupe
Pom parle vietnamien et sait conduire une moto, ce qui fait d’elle une “facilitatrice” (elle facilite le fonctionnement de la coopérative) idéale ! C’est elle qui reçoit les commandes et donne les instructions aux autres tisserandes, puis se charge d’envoyer les colis grâce à sa moto. Toujours souriante, j’ai pris beaucoup de plaisir à la prendre en photos tout au long du processus de tissage.
Pang, la doyenne des tisserandes
Pang connaît tous les secrets des teintures et de la filature de coton ! C’est elle qui transmet aux autres femmes ces précieux savoir-faire et vérifie les recettes. Sur la photo, elle utilise un morceau de bambou pour démêler les échevaux.
Doi, la plus grande
Doi est la plus grande en taille, ce qui est assez pratique pour aller chercher les plantes pour la teinture dans la forêt ! Comme Pang, elle connaît aussi bien les plantes de la forêt pour le teinture. Elle est déjà grand-mère et Lucie a eu la chance d'être invitée à une fête pour la naissance d'un petit-fils en septembre 2019.
Giot, une tisserande souriante
Giot, qui aime tisser depuis chez elle, vient tout juste de rejoindre le groupe de tisserandes. Giot est responsable de la préparation des fils pour le métier à tisser. Cette étape clé, prend un journée ! Et oui, il faut nouer quarante petits fils entre eux à plusieurs reprises.
No, une tisserande sérieuse
Toujours très assidue, No tisse dans sa maison sur pilotis, pendant que sa mère utilise ses doigts de fée pour faire des filets de pêche en crochet. C’est chez elle que Lucie a pu faire la sieste pendant sa visite en septembre 2019 !
“Entrepreneurs du monde”, un appui local
Les équipes vietnamiennes de l’association “Entrepreneurs du Monde” sont implantées depuis plusieurs années dans ce village pour principalement des programmes de micro-finance. Ils ont l’habitude d’accompagner des projets de développement dans leurs débuts et c’est ce qu’ils font ici : gérer la partie juridique, mettre en contact Opportunity for Women et les tisserandes afin de les aligner et suivre les débuts de la coopérative en étant sur le terrain.
Une coopérative durable
Cette coopérative s’appuie sur la connaissance des plantes de la forêt et sur les savoir-faire de ces femmes !
Le coton issu des plantations du village voisin est cultivé de façon traditionnelle : très peu de produits chimiques (seulement un peu d’herbicides). Cultivé pendant la saison des pluies, fin mai ou début juin, il ne nécessite donc pas d’eau, ramassé à la main en novembre.
Ce coton est assez fin et donne de belles couleurs vives une fois filé et teint. C’est en utilisant des petites machines en bois, que les femmes peuvent transformer la fleur de coton en beau fil !
La teinture est faite sans produits chimiques, seulement en utilisant des plantes de la forêt aux alentours qui ont beaucoup de tanin (substance chimique contenue dans une plante, qui facilite l’absorption des pigments de couleur), ce qui évite l‘utilisation de mordants (substance chimique, dont on imprègne les fils de coton pour leur faire prendre la teinture). Les couleurs possibles vont du bleu au jaune en passant par l’orange !
Le tissage est ensuite fait à la main dans une démarche de “slow fashion” : on produit moins vite, en complément du travail aux champs et en réponse à une commande pour éviter la surproduction.
Une coopérative solidaire
Les femmes travaillent ensemble et c’est aussi pour cela qu’elles ont souhaité rejoindre la coopérative : c’est à plusieurs qu’elles vont chercher les plantes dans la forêt, préparent les teintures et les métiers à tisser ensemble ! Ensuite, elles travaillent depuis chez elle à leur rythme. Quand j’ai demandé quelle étape elles préféraient, elles m’ont répondu unanimes “TOUTES”, en effet elles aiment travailler ensemble, mais aussi tisser ces motifs traditionnels qui sont leur histoire.
Ces fils de coton tissent des liens solidaires entre les femmes du monde car leur travail est rémunéré selon la fourchette haute du salaire moyen local.
Quelle joie pour ces femmes de voir leur tissage devenir un beau coussin !