La teinture bleue indigo chez les Cils au Vietnam

La teinture bleue indigo chez les Cils au Vietnam

 

Direction le centre du Vietnam, à 50 km de Da Lat, dans un village au milieu des montagnes.

Dans ce village assez isolé, moins d'une dizaine de femmes savent encore cultiver l'indigo et en extraire les pigments bleus pour teindre des fils de coton. La plus jeune, K'Gut a 31 ans et partage cette passion avec sa mère.

Ce savoir-faire se transmet de femmes en femmes afin de préserver la culture de ce peuple dont les costumes traditionnels sont teints avec ce bleu. 

C'est avec Caritas Da Lat qu'Opportunity for Women a mis en place un programme de tissage pour aider ces femmes à vivre de ce précieux héritage. 

Première étape pour extraire les pigments : récolter les précieuses feuilles d'indigotier

Le procédé de teinture commence par la récolte des feuilles d'indigotier qui se trouvent dans la nature mais que les femmes ont aussi planté en contre-bas des champs de café.

L'espèce d'indigotier est très différente de celle de l'ethnie Lao au nord du Vietnam avec laquelle nous travaillons : les feuilles sont beaucoup plus grandes et la couleur obtenue est plus foncée.

Deuxième étape : fermentation des feuilles d'indigotier

Les feuilles d'indigo fermentent pendant 2 jours et 3 nuits dans une jarre avec de l'eau.

Troisième étape : préparations d'ingrédients pour extraire les pigments bleu

Pendant ce temps, les femmes peuvent préparer des ingrédients, un peu particuliers, qui serviront à extraire les pigments bleus de l'eau fermentée.

  • Du calcium est extrait de coquilles de crustacés. Pour cela il faut les réduire en poudre et cela nécessite de les cuire à haute température. Les femmes utilisaient un système pour les cuire dans les coques de riz, mais il y avait beaucoup de fumée (voir vidéo ci-dessous). Nous avons donc trouvé une autre technologie que nous avons fournie aux femmes en juin 2020. K'Gut nous a partagé sa joie de gagner du temps sur cette étape, tout en pouvant cuire ses repas en même temps ! Elle n'a plus qu'à cuire les coquilles émiettées dans de l'eau pour obtenir la pâte blanche souhaitée.
  • Des graines sont torréfiées puis écrasées en petits morceaux.

Quatrième étape : les feuilles fermentées sont extraites et les pigments bleus sont extraits

Les feuilles d'indigo sont essorées puis le mélange de graines et la "pâte blanche" sont mélangées vigoureusement à l'eau colorée.

L'eau repose pendant 3 heures. Le temps d'une pause déjeuner et d'une sieste bien méritée !

Cinquième étape : séparation de l'eau "noire" de l'eau "bleue"

Pendant ces 3 heures de repos, une eau noire est remontée à la surface, elle est enlevée pour ne conserver que l'eau bleue.

Sixième étape : l'eau bleue est mise à sécher pour devenir un bloc

L'eau bleue est alors mise dans des paniers en bambou afin de devenir un bloc d'indigo solide.

Il faut une semaine pour obtenir des blocs bien durs. Faire des blocs permet de conserver les pigments et de teindre les fils au moment souhaité.

Septième étape : teinture des fils

Lorsque les femmes souhaitent teindre des fils, elles dissolvent le bloc dans de l'eau préalablement filtrée avec du charbon d'écorce de banane. Les fils trempent une nuit dans l'eau bleue puis sèchent au soleil. 

Pour obtenir un bleu bien foncé il faut les teindre 3 à 5 fois.

Les fils sont ensuite tissés pour former de beaux motifs traditionnels qui orneront vos canapés ! Environ 3 écheveaux de fils de coton sont nécessaires pour un coussin !

Retrouvez les différentes étapes de la teinture dans une vidéo, réalisée par un bénévole vietnamien :

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