Utilisé par l'Ethnie Ede, Kayan, Katu et Cils
Le backstrap

La technique de tissage en backstrap (ou tissage à ceinture de dos) est une méthode traditionnelle, manuelle, utilisée depuis des millénaires dans de nombreuses cultures d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique. Elle se caractérise par l’utilisation d’un métier à tisser simple, portable, qui s’attache au corps du tisserand.


Structure du métier à tisser :
Le métier se compose de deux barres parallèles reliées par des fils de chaîne.

L’une des barres est fixée à un point immobile (arbre, poteau, mur).

L’autre est attachée autour de la taille du tisserand grâce à une ceinture (souvent en cuir ou en tissu).

Principe de fonctionnement :
Le tisserand s’assoit au sol et maintient la tension de la chaîne en s’inclinant vers l’arrière.

En tirant sur la ceinture avec son corps, il tend les fils de chaîne.

En se rapprochant, il détend la chaîne pour insérer la trame.

Processus de tissage :
Les fils de chaîne sont disposés et séparés grâce à une lisse et un bâton de croix.

Le tisserand passe le fil de trame entre les fils de chaîne, souvent à l’aide d’une navette.

Chaque passage est battu avec un peigne en bois pour resserrer les fils.

Des motifs complexes peuvent être créés en manipulant les fils de chaîne selon des techniques particulières.

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Ethnie Lao Vietnam, Kachin, Chin, Karen, Naga, Shan au Myanmar
Métier à tisser traditionnel

Le métier à tisser traditionnel est une technique largement utilisée au Myanmar, au Vietnam et au Laos. Sa structure stable permet de réaliser des tissus plus larges, contrairement aux métiers portables comme le backstrap.

Structure du métier :
Ce métier se compose d’un cadre en bois rigide où les fils de chaîne sont tendus entre deux rouleaux.

Le tisserand, assis devant le cadre, utilise des lisses pour soulever certains fils de chaîne et créer l’ouverture (la foule).

Une navette transporte la trame à travers cette ouverture, chaque rang étant battu fermement avec un peigne ou battant.

Le système de pédales ou leviers permet de contrôler la combinaison des fils soulevés, ouvrant la voie à des motifs complexes.

Processus de tissage :
Montage minutieux des fils de chaîne sur le cadre.

Sélection des fils à l’aide de plusieurs lisses, souvent selon un schéma très élaboré.

Insertion de la trame rang après rang, jusqu’à la formation complète du motif.

Difficulté particulière des motifs Kachin (Myanmar) :
Dans l'ethnie Kachin, au nord du Myanmar, le métier à cadre fixe est utilisé pour créer les tissus traditionnels appelés "Jinghpaw".

Ces motifs sont réputés parmi les plus difficiles à réaliser en Asie du Sud-Est :

Ils nécessitent un très grand nombre de lisses pour gérer les multiples variations de fils.

Les motifs, souvent géométriques et à étages, sont tissés fil par fil, demandant une concentration extrême et une maîtrise technique exceptionnelle.

Le tissage peut prendre plusieurs semaines pour un seul panneau de tissu, en raison de la densité des dessins et des changements fréquents de configuration.

Chaque motif porte une signification culturelle forte, liée à l’identité Kachin, aux rites et aux statuts sociaux.

Utilisation au Vietnam et au Laos :
Au Vietnam, des minorités ethniques comme les Hmong ou Thaï utilisent ce type de métier pour des étoffes aux motifs floraux ou géométriques très colorés.

Au Laos, les tisserandes exploitent ce métier pour créer des soieries aux dessins bouddhistes ou animistes, rehaussées parfois de fils d’or.

Caractéristiques :
Stabilité et précision : la tension constante des fils permet d’obtenir des tissus de haute qualité.

Complexité artistique : certains motifs, comme ceux des Kachin, nécessitent une planification et une exécution extrêmement complexes.

Transmission culturelle : ces tissus restent des éléments forts d’identité, portés lors des cérémonies et fêtes traditionnelles.

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Utilisé par l'Ethnie Shan au Myanmar
L'ikat

La technique de l’ikat est un procédé de tissage ancestral, présent dans de nombreuses cultures du monde, notamment en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Elle se caractérise par un savoir-faire unique où les motifs du textile sont créés avant le tissage, grâce à un travail minutieux de teinture des fils.

Principe fondamental :
Dans l’ikat, les dessins ne sont pas ajoutés après coup, mais précédemment inscrits dans les fils par un procédé de ligature et de teinture.

Les fils de chaîne, de trame, ou les deux, sont noués, protégés puis teints, de manière à préserver certaines zones de la couleur.

Chaque teinte nécessite un nouage différent, donnant naissance à des motifs complexes.

Types d’ikat :
Ikat de chaîne : les fils de chaîne portent le motif avant le tissage.

Ikat de trame : le dessin se forme au fur et à mesure du passage de la trame.

Double ikat : les deux séries de fils sont teintes, nécessitant une grande précision pour aligner les motifs.

Processus de fabrication :
Planification du motif et ligature des fils selon le dessin.

Teinture successive, chaque couleur impliquant de nouvelles protections.

Tissage sur un métier traditionnel, souvent à ceinture (backstrap) ou à cadre fixe, avec un ajustement minutieux des motifs.

L’ikat au Myanmar :
Au Myanmar, particulièrement dans la région du lac Inle, l’ikat est un savoir-faire textile vivant et identitaire.

Les artisans, principalement issus de la communauté Intha, utilisent des métiers traditionnels pour créer des étoffes aux motifs géométriques ou floraux, teintées de rouges, bleus et bruns naturels.

Ces tissus, appelés localement "Acheik", sont réputés pour leurs ondulations caractéristiques et leur finesse.

Le tissage est réalisé au sein d’ateliers familiaux, perpétuant une tradition transmise de génération en génération et associée à des usages culturels et vestimentaires prestigieux.

Caractéristiques :
Effet visuel unique : un flou subtil, signature de l’ikat, dû au léger décalage entre les fils teints et le tissage.

Complexité artisanale : exige une grande maîtrise technique et un sens artistique développé.

Dimension culturelle : les motifs portent des significations symboliques et identitaires.

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